Efratia, comme les femmes de sa
génération nées sur la terre d'Israël,
n'est pas une femme de la diaspora.
Elle n'est pas non plus israélienne.
Israël n'existe pas encore.
Cette génération va inventer
son appartenance.
Efratia a écrit des lettres toute sa vie.
Très tôt, elle les a conservées,
comme pour retenir des moments
de son histoire,
comme si l'intime incarnait le destin
de cette terre.
Cette correspondance raconte la vie
d'une femme,
Efratia, ma mère,
ses réflexions intimes et ses hésitations
de jeune fille,
sa soif d'indépendance,
ses débats passionnés avec son père
sur le destin de son pays,
l'amour, le culte de l'amitié
et la maternité,
puis les deuils, la vieillesse, les moments de trouble.
J'entends encore sa voix,
son hébreu archaïque de fille de travaillistes
qui voulaient
que leur enfant parle un hébreu moderne,
de notre temps.
Amos Gitai